Capitaliser les projets de coopération pour améliorer la prise de décisions
31 mai 2022
Par Carol Solórzano Canales, Consultante de Stone Soup
En novembre 2021, France Volontaires, la plateforme française de promotion et de développement du volontariat, a entamé une collaboration avec Stone Soup Consulting afin de mettre en place la capitalisation d’expérience de l’une de ses initiatives les plus importantes en Amérique Latine : le projet « EnLAzando, renforcer le volontariat de solidarité internationale » qui contribue à renforcer la coopération avec la France par la promotion du volontariat local et international dans 5 pays d’Amérique Latine.
Pourquoi systématiser ou capitaliser un projet de volontariat et ses activités ?
Selon Gaia Sangiorgi, coordinatrice du projet EnLAzando, cette démarche s’inscrit dans le cadre d’une approche de qualité promue par France Volontaires. Cette approche cherche à réfléchir sur leurs propres pratiques à travers la documentation et l’analyse. Selon Gaia « la capitalisation d’EnLAzando cherche à enregistrer les processus ; ainsi que partager, transférer, répliquer les bonnes pratiques et les améliorer si nécessaire ».
La capitalisation d’EnLAzando avait deux objectifs principaux :
- Étudier la capacité du projet à changer d’échelle et/ou sa transférabilité.
- Analyser la pertinence du projet pour les différents acteurs concernés, afin de déterminer les éléments qui, dans l’exécution du projet, ont produit une plus grande valeur.
EnLAzando “est un projet de coopération française dont l’objectif est de renforcer, former et articuler des organisations de la société civile mobilisant des bénévoles et volontaires, ainsi que de générer des dynamiques de coopération entre les acteurs latino-américains et la France”.
Ce projet de 18 mois (juin 2020 – février 2022) a coïncidé avec la pandémie mondiale de COVID-19 et s’est centré en particulier sur la Bolivie, la Colombie, l’Équateur, le Paraguay et le Pérou. Selon les partenaires et bénéficiaires du projet (individus et représentants d’associations), le projet a eu de multiples effets positifs, ce qui pour l’équipe d’exécution a représenté une réussite. Cependant, le processus a également intégré d’importants apprentissages pour l’organisation, qui permettront d’améliorer certains points et continuer à renforcer son travail.
Comment capitaliser un projet ?
Le processus de capitalisation a été réalisé par les consultants de Stone Soup, Carol Solórzano Canales et Andrés Trujillo Lentini. Ce travail a été basé sur la définition d’Oscar Jarra (1994) selon laquelle la systématisation d’un projet est « une interprétation critique d’une ou plusieurs expériences qui, à partir de sa mise en ordre et de sa reconstruction, découvre ou explicite la logique du processus, les facteurs qui y sont intervenus, comment ils sont liés les uns aux autres et pourquoi ils l’ont fait de cette façon ».
La capitalisation a eu une première phase de préparation, en collaboration avec l’équipe de France Volontaires, qui a permis de définir le périmètre et les objectifs de la démarche. Au cours de la deuxième phase, nous avons commencé à reconstituer l’histoire, à travers la documentation et des entretiens avec différents acteurs, en mettant l’accent sur l’identification de la valeur créée, les meilleures pratiques, les aspects à améliorer et les principales leçons apprises. Dans une phase finale, nous avons organisé et analysé les informations recueillies, produisant ainsi les conclusions de la systématisation. Ces conclusions ont été validées par l’équipe de France Volontaires et ont donné lieu au rapport final.
Pour l’équipe de Stone Soup comme celle de France Volontaires, l’un des principaux enjeux était le temps disponible pour obtenir les informations nécessaires, ainsi que de garantir la participation des acteurs impliqués dans la démarche. Face à ce défi, nous avons réussi à créer une dynamique de communication agile en utilisant différents canaux et plateformes tels que la messagerie instantanée, l’email ou les appels téléphoniques. Cette flexibilité de toutes les parties prenantes a permis au travail de capitalisation d’être agréable et fluide.
Qu’avons-nous obtenu grâce à cette démarche ?
Selon France Volontaires, la capitalisation a permis de valider certaines hypothèses sur le projet et de générer de nouvelles conclusions pour l’avenir. De même, la réussite du projet est vérifiée, puisque les acteurs et bénéficiaires reconnaissent avoir renforcé la professionnalisation de leurs pratiques, les réflexions autour du volontariat, ainsi que le réseautage de l’écosystème du volontariat dans ces pays sud-américains.
Pour Gaia Sangiorgi, « EnLAzando a été un projet éclair, marathon, plein d’ambition et avec beaucoup de potentiel, qui a conduit les équipes et partenaires à être sous le feu de l’action pendant un an et demi. La valeur principale de la capitalisation était de nous permettre une lecture réflexive de ce qui a été fait, de prendre conscience des succès, d’en être fier et d’analyser les difficultés avec un œil critique et constructif. Les conclusions du processus ont été largement positives et soulignent l’énorme potentiel de l’initiative à la fois en termes de réplication et d’évolutivité, donnant des arguments pour une phase II ».
Un produit central de ce processus a été le rapport de capitalisation, qui reprend la reconstruction du processus mené pour le projet, ainsi que des leçons apprises et des conclusions. Ce rapport était accompagné d’un résumé en version infographique et d’une vidéo animée. Ces matériaux permettront à France Volontaires de se plonger dans le processus, en plus de communiquer le processus de manière simple.
Pour Stone Soup, ce fut un plaisir d’avoir accompagné ce projet innovant qui renforce, par le volontariat, la coopération entre deux territoires dans lesquels nous travaillons activement : la France et l’Amérique Latine. De plus, nous avons été témoins d’un grand effort de la part de l’organisation qui ne veut pas s’arrêter à la clôture du projet, mais prend plutôt le temps de le capitaliser dans le but d’améliorer, de grandir et de partager ses meilleures pratiques avec d’autres organisations et territoires.